mercredi 13 janvier 2021

Karaté et cancer

Que la pratique du karaté apporte beaucoup de bienfaits aux personnes qui développent un cancer et suivent un traitement, c’est pour moi une évidence.

Il y a 4 ans (fin 2016), atteint moi-même d’une tumeur, j’ai fréquenté chaque jour, pendant plus d’un mois, le service de radiothérapie des cliniques Saint-Luc à Bruxelles afin de combattre cette maladie*.

J’ai ainsi partagé des moments avec des patients de tous âges qui me parlaient de leurs douleurs, de leurs appréhensions, de leurs angoisses...


À l’époque, des proches m’ont demandé en quoi le karaté pouvait améliorer le vécu de personnes atteintes d'une maladie grave.

Et pourquoi particulièrement le karaté et non pas un autre sport ou une autre activité ?


L’article qui suit est une tentative de réponse à ces questions.

Il ne s’agit en aucun cas d’un avis scientifique mais plutôt d’une réflexion - purement subjective par définition - basée sur mon expérience de pratiquant et de professeur de karaté, étant moi-même passé par les étapes de la guérison d’un cancer.


En France, des médecins proposent à des patients qui suivent des thérapies contre le cancer de pratiquer le karaté. Et les cours se donnent même au sein des hôpitaux, dans une vingtaine de départements.


Évidemment les vidéos ci-dessous (https://youtu.be/q5pOJxZTc_0 et https://youtu.be/gaga2BcLAQc) vantent spécifiquement les effets bénéfiques du karaté...


Ces effets existent, sont réels. Et en tout cas la perception d'effets bénéfiques, ce qui, pour la question qui nous concerne, est peut-être le plus important...


Je peux en témoigner, je l'ai plus d’une fois expérimenté.


Ceci dit, je ne pense pas que le karaté soit la seule discipline qui apporte ces effets positifs qui aident à traverser des moments difficiles - une maladie grave par exemple...


En fait, je pense que toute activité qui permet de recréer en pleine conscience une unité entre le corps et l'esprit sera bénéfique : la méditation, le yoga, le shiatsu (d’ailleurs proposé à Saint-Luc : https://www.institutroialbertdeux.be/fr/shiatsu et la vidéo https://youtu.be/0FXoNoD5DZE), mais aussi la boxe, la danse, le chant, la peinture...


Tout dépend de la manière dont on aborde l'activité ou la discipline...


Concrètement, plus prosaïquement :

Quelle dose de « pleine conscience » associe-t-on à l'activité... (Pour une explication de la pleine conscience et de ses bienfaits , voyez par exemple la vidéo https://youtu.be/_4Ueal3b_Vc).


Pour plusieurs raisons, le karaté est un excellent outil pour aider les personnes qui connaissent des moments de souffrance physique ou psychique.

En voici, de manière non exhaustive, quelques unes...


Pratiquer le karaté, c'est être en mouvement, c'est faire du sport.

Les effets bénéfiques et protecteurs du sport sont scientifiquement démontrés et ne font aucun doute (https://youtu.be/JJ3nF9_KmRs).


On connaît l’importance pour la santé d’entretenir des liens sociaux (quant aux effets destructeurs de l’isolement social, voyez https://fr.wikipedia.org/wiki/Isolement_social).

Un médecin me disait : « l’isolement dans la maladie est tragique pour beaucoup de personnes ».

Le karaté est une discipline qui se pratique en groupe.

Le respect et le souci de l’autre y est primordial : c’est dans l’ADN de cet art martial asiatique imprégné de culture zen.

Et cette activité sportive, réalisée avec des personnes qui partagent des intérêts et des préoccupations communes, crée et entretient vraiment des liens sociaux de qualité.

Ainsi, faire partie d’un groupe aide énormément à traverser des moments pénibles de la vie.


Le karaté, pratiqué avec un bon professeur et avec l’avis des professionnels de la santé, permet d'adapter la nature et l'intensité des efforts à chaque personne, même blessée ou malade.


L'aspect très technique du karaté est, pour celui qui a envie de progresser, et quel que soit son niveau, déjà une opportunité de méditation de pleine conscience dans l'action.


Cette concentration sur  le corps, les sensations, le positionnement dans l'espace, l'équilibre... aide à retrouver un relationnel positif corps-esprit. Ce relationnel, on le sait, a souvent disparu chez beaucoup de cancéreux qui ont la sensation d’avoir "été trahis" par leur corps malade.


Le karaté permet de créer des états mentaux positifs : grande attention, determination, positivité, bienveillance, etc.

Un bon professeur aide à la création de ces états mentaux.

À la longue, ces états mentaux se reproduisent de plus en plus souvent, même en dehors de la pratique stricto sensu du karaté...

(Au sujet des états mentaux, voyez les articles que j’ai publiés sur le blog de mon club de karaté  « Pinando Ryu : Karaté et Pleine Conscience » : https://pinandoryu.blogspot.com/2016/03/determination-etats-mentaux-karate-et.html ainsi que https://pinandoryu.blogspot.com/2018/05/karate-ancrage-et-gestion-des-emotions.html).


Après avoir commencé à renouer positivement avec son corps, le pratiquant de karaté, grâce au travail avec partenaire, commence à sentir les interactions avec d'autres corps.

Avec bienveillance.

Son corps commence alors à sortir de l'isolement souvent créé par la maladie.


Le karaté, par son aspect martial, semble redonner à beaucoup de pratiquants confiance en eux (https://youtu.be/V3Az_OTRlCc).


Certains transposent les sensations martiales ressenties pendant le cours dans leur "combat contre la maladie".


Le karaté attache une grande importance à la respiration.

Le pratiquant reprend tout naturellement conscience des énergies vitales qui circulent dans son corps...

Sans compter les bienfaits immédiats et à long terme des exercices respiratoires.

J’en reparlerai dans un autre article...


Les positions en karaté sont fondamentales : bien s'ancrer dans le sol, en être conscient, en cultiver la sensation, aide à la longue à s'ancrer dans la vie, à accroître l'équilibre et la stabilité psychique.


L'efficacité des coups de karaté, la rapidité des déplacements, impliquent d’abord un grand relâchement musculaire (la contraction maximale n’intervenant idéalement qu’au moment de l’impact afin de concentrer toute l’énergie sur un point précis, à un moment précis).
En prendre conscience, c'est avancer sur la voie du "lâcher-prise" (je veux dire arrêter de se tracasser pour des choses qu'on ne peut maîtriser, mais au contraire concentrer son énergie sur ce que nous pouvons positivement impacter).
Je le dis souvent à mes élèves : « léger dans le corps, léger dans la tête » !

Ces quelques réflexions, mises en vrac, répondront je l’espère aux questions que certains m’avaient posées.


En tout cas, je reste disponible bien sûr pour d’autres réflexions mais aussi pour apporter ma contribution à des projets concrets.


Pour conclure, je veux profiter de cet article pour exprimer ma gratitude à tous ceux, infirmières et infirmiers, médecins, aides-soignants etc qui sauvent, soignent et apportent du réconfort aux patients.


Patrice Rojtman


*Parfois des événements négatifs, douloureux ou angoissants peuvent en entraîner d’autres nettement plus positifs...

C’est à l’occasion de la radiothérapie, alors que je voulais m’inscrire à un programme de sport intensif (proposé par les cliniques Saint-Luc afin d’atténuer les effets secondaires indésirables du traitement) et que l’on m’a demandé de passer un test à l’effort, que l’on a décelé une anomalie au niveau des artères coronaires et que j’ai dû subir d’urgence un triple pontage...

Cette opération à cœur ouvert m’a sans doute sauvé la vie à ce moment.

Le problème n’aurait sans doute pas été décelé si je n’avais pas dû rentrer dans ce processus de guérison du cancer.

J’en reparlerai dans un autre article... 

Suite à cette opération à cœur ouvert, le karaté m’a encore une fois bien servi (entre autres pour récupérer un bonne capacité respiratoire).

Mais c’est une autre histoire...




























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